mercredi 12 décembre 2007

Notre mémoire organisée comme Google ?

L’algorithme de recherche PageRank, qui a fait le succès de Google, pourrait un jour servir de modèle à tous les psychologues qui veulent comprendre les mécanismes de la mémoire humaine. C’est la conclusion à laquelle est parvenu le psychologue Tom Griffiths en constatant que le PageRank pouvait également servir à prédire les mots que nous avons le plus de chance de nous rappeler.

De Google au cerveau

Quand on tape un mot dans Google, celui-ci nous retourne une liste de site Web où ce mot est cité. L’ordre des pages dans cette liste est établi en fonction du PageRank, un indice qui évalue la popularité de chaque page web à partir du nombre de liens qui pointent vers cette page. Au cours d’une expérience, Tom Griffiths, de l’Université de Berkeley (Etats-Unis), s’est aperçu que quand on nous demande de produire une liste de mot commençant par une lettre donnée, notre cerveau fonctionne de la même manière que le moteur de recherche.

Réseau internet et réseau sémantique

En s’appuyant sur des dictionnaires psycholinguistiques qui permettent, par exemple, de savoir la probabilité qu’à un mot d’être associé à un autre mot, Griffiths a construit un vaste réseau sémantique où les mots sont reliés les uns aux autres, comme dans le Web. Il a ainsi pu calculer un PageRank pour prés de 1000 mots de la langue anglaise. Ensuite, pour chaque lettre de l’alphabet, il a généré une liste de mot classée en fonction de son PageRank ou de sa fréquence d’usage (nombre de fois ou le mot apparaît dans des textes de langues anglaise).

Rappel libre

Il a ensuite présenté à une cinquantaine d’étudiants des cartes sur lesquelles étaient inscrite une lettre de l’alphabet: le sujet devait fournir, le plus rapidement possible, un mot commençant par cette lettre. La tâche était répétée une dizaine de fois, avec toutes les lettres de l’alphabet. Griffiths a ainsi pu établir, pour chaque lettre, une liste de mot classée en fonction du nombre de fois ou chaque mot avait été rappelé par les sujets.

Un PageRank très prédictif

Il a comparé ce classement «naturel» à ceux, théorique, produits par le PageRank ou par la fréquence d’usage des mots. Le chercheur a ainsi constaté que, contrairement à la fréquence d’usage, le PageRank prédit assez bien les mots produits spontanément par les sujets.

«Dans Google, le PageRank d’une page web est le nombre de fois où cette page sera visitée par un «internaute aléatoire» qui naviguerait sur la toile en cliquant des liens au hasard» explique Griffiths «dans notre expérience, le PageRank d’un mot correspond au nombre de fois où ce mot est activé lors d’une sollicitation au hasard de notre réseau sémantique». Donc pour une première lettre donnée, plus le PageRank d’un mot est élevé, plus il est probable que le sujet pense à ce mot plutôt qu’à un .autre.

Selon Griffiths, qui publie cette étude dans la revue Psychological Science, ce résultat montre que les techniques utilisées pour retrouver de l’information dans les grandes bases de données doivent inspirer le travail des psychologues qui veulent modéliser le fonctionnement de la mémoire humaine. Et vice versa.

Texte : 20Minutes.fr

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